Je ne doute pas, donc je ne pense pas

Je ne doute pas, donc je ne pense pas

Jeudi 1er mars 2018, par André Bellon, Tribune libre

L’article ci-dessous a été publié par la revue "Sciences critiques"

Dans nos mémoires reste inscrite la phrase fameuse « Je doute, donc je pense » . Accompagne-t-elle encore aujourd’hui la pensée scientifique ? On a parfois le sentiment que la volonté légitime du scientifique d’affirmer ses connaissances n’est pas à l’aune de sa capacité de remise en cause.

Le fameux « Et pourtant elle tourne  » devrait pourtant trouver un écho dans une dose de « C’est parce que je pourrais dire Non que j’aie le droit de dire Oui  ».

Je n’ai pas l’ambition, ni les capacités, de critiquer la science. Tout au plus, je m’intéresse aux méthodes scientifiques et, surtout, à l’épistémologie des sciences . De ce point de vue, une question majeure de la période que nous vivons me parait être la suivante : Peut-on séparer la science de l’utilisation qui en est faite ?

Beaucoup a été dit sur le lien entre science et technique, conduisant à l’apparition du concept de technoscience. En 1994, le philosophe Jean-Pierre Séris évoquait ainsi la difficulté de définir le terme : « Complexe scientifico-technique, industriel et post-industriel, qui est une réalité sociologique, économique et politique. Nous nous interrogeons sur l’opportunité du recours à ce terme. … L’opposition grecque entre une épistémè contemplative, désintéressée et une technè utilitaire, active, débrouillarde et pratique ne nous parle plus… C’est un fait. ».

Dit en d’autres termes, on peut se demander si le chercheur peut s’abstraire des conditions sociales ou économiques, voire politiciennes. Dans le cas contraire, le doute que nous évoquions est-il encore de caractère scientifique ?

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