On a les icônes qu'on mérite !

On a les icônes qu’on mérite !

Mercredi 24 juillet 2019, par André Bellon

La visite de Greta Thunberg à l’assemblée nationale en dit plus sur l’état du Parlement que sur le réchauffement climatique.

Nous vivons un moment historique formidable. On ne doute pas de l’importance du défi climatique pour la nation et au-delà pour l’humanité. Mais c’est alors qu’intervient la petite bergère, personnage traditionnel des contes de fées, mélange de Cendrillon et de Bernadette Soubirou, qui rassemble au Palais Bourbon les députés de tous bords. Fallait-il cela pour éveiller la conscience nationale ? Greta Thunberg, sympathique personne, a soudain surgi pour expliquer à nos parlementaires, qui l’ignoraient ?, que la terre se réchauffe et qu’il faut se référer en la matière aux scientifiques du GIEC.

On s’étonnera que nos braves députés n’aient pas jugé utiles jusqu’alors de convier les scientifiques en question avec autant de solennité et de créer un large débat autour de leurs thèses, autour des causes du défi autant que des moyens d’y faire face. On s’inquetera, par exemple, qu’ils n’aient apparemment pas jugé utile d’auditionner Yves Coppens, le célèbre paléo-anthropologue, découvreur de Lucie, qui a longuement écrit sur les relations entre l’homme et le changement climatique. 

Faut-il le rappeler ? Le rôle du député est de représenter et de décider au nom du peuple après un débat libre et raisonné, pas de servir de faire valoir aux Bernadette Soubirou des temps modernes.

On remarquera que la gentille petite Greta demande surtout que nous donnions, sans autre débat, notre intellectuelle obole quotidienne à la cause climatique, permettant ainsi aux parlementaires d’ignorer toute interrogation sur le mode de production et sur le système économique et social. 

Ayant ainsi obtenu l’absolution de la sympathique innocence, les députés ont alors pu masquer leurs contradictions criantes, par exemple entre le larmoiement collectif et le vote quasi concomitant du Ceta, entre libre-échange et écologie.

De nos jours, les grands gestes d’émotion collective se substituent souvent au débat démocratique, permettant ainsi au système dominant de se perpétuer sans soulever de grande hostilité.

L’incapacité à débattre et les enthousiasmes faciles traduisent bien la déliquescence des démocraties et la menace qui pèse sur nos libertés et notre avenir. A quand la prise de conscience de la crise démocratique ?