Pourquoi dire non à l'islamisme ?

Pourquoi dire non à l’islamisme ?

Vendredi 15 janvier 2021, par Chantal Evano

Islamisme ne désigne pas la foi musulmane. Ce mot, imparfait, désigne un courant politique qui utilise l’islam comme couverture d’un projet politique totalitaire.

Outre les États qu’il contrôle, outre les guerres intestines qu’il nourrit dans tous les pays de culture islamique, il poursuit, depuis plus d’un demi-siècle, une stratégie offensive dans les pays démocratiques qu’il prétend punir, déstabiliser. Cette stratégie, de plus en plus ouvertement agressive, se déploie de deux façons complémentaires : la terreur par les attentats et l’emprise idéologique.

Si, depuis plus de 25 ans, l’islamisme fait des victimes partout dans le monde, les dernières années furent, en France, particulièrement ensanglantées. Toutes les manifestations de notre liberté et de notre goût de vivre ont été visées : les journalistes à Charlie Hebdo, les Juifs à l’hyper Casher et à Toulouse, les spectateurs d’un concert au Bataclan, les clients aux terrasses, les catholiques à l’église
de St-Etienne-du-Rouvray et, tout dernièrement, à la basilique Notre-Dame de Nice, un entrepreneur décapité dans la banlieue de Lyon, des dizaines de promeneurs à Nice un 14 juillet, des policiers... Plus récemment, alors que se déroulait le procès des complices présumés des tueurs de Charlie Hebdo, un individu a tenté d’assassiner deux employés de l’agence de presse Premières Lignes. Vendredi 16 Octobre, c’est un enseignant, Samuel Paty, qui a été décapité pour avoir rempli
une de ses missions : encourager l’esprit critique de ses élèves.

Cet islam politique s’est glissé dans l’école et taraude les différentes institutions afin d’obtenir un statut particulier obéissant à ses propres lois et non à celles de la République. Il prépare ainsi le terreau sur lequel se développent l’exclusion violente puis le terrorisme. Des enfants juifs ne peuvent plus fréquenter certaines écoles publiques. Mila est menacée de mort et de viol depuis des mois.

Cette offensive a bénéficié des renoncements des gouvernements successifs qui, depuis des décennies, ont fait la sourde oreille aux multiples alarmes. Ils ont laissé les islamistes contrôler peu à peu de nombreux territoires. Combien d’élus locaux ont-ils fermé les yeux et autorisé, de fait, ces mainmises communautaires ?

Les prétextes pour relativiser et refuser clairement de condamner les meurtres ont été dix mille fois invoqués. L’accusation “d’islamophobie“ a été dix mille fois brandie par ceux qui voulaient nous faire taire et taxer de racisme toute contestation des dogmes religieux. Cette imposture idéologique vise à empêcher la condamnation des objectifs politiques de l’islamisme. Elle peut servir à valider les thèses séparatistes et communautaristes, et parfois, d’excuse aux attentats.

Nous savons que la grande majorité de nos concitoyens “dits“ musulmans ne soutiennent pas l’islamisme. Nous écrivons “ dits“ car parler des musulmans comme d’une entité homogène, c’est vouloir ignorer l’immense diversité des courants de pensée, des cultures, des traditions qui les différencient et, parfois, les opposent.

C’est assigner une appartenance religieuse à toute une population en fonction de son origine et non de choix personnels. C’est surtout relayer la prétention islamiste à les représenter tous. Nous savons que ces concitoyens, pratiquants, croyants, agnostiques ou athées, sont fondamentalement hostiles au terrorisme. Et que c’est malgré eux et contre eux, que, depuis 25 ans, se fomentent et s’accomplissent, en leur nom, tous ces attentats qu’on appelle “islamistes“.

Certaines institutions musulmanes, le Conseil Français du Culte Musulman, la Mosquée de Paris, en la personne de son recteur, de nombreux imams, ont exprimé leur opposition aux fanatiques après l’assassinat de Samuel Paty. Des écrivains, des artistes, des penseurs, citoyens de culture musulmane, français ou pas, très souvent des femmes, combattent inlassablement l’islamisme. Il est vrai que beaucoup d’autres se taisent encore, menacés, intimidés, mais personne, personne n’a le
droit de s’approprier leur silence en l’interprétant comme une approbation.

Cependant des parents, des responsables religieux enseignent à des enfants, et cela de plus en plus ouvertement, que les lois de l’islam l’emportent sur celles de la République française.

Il nous faut donc distinguer ceux qui choisissent et acceptent les lois et les principes républicains de ceux qui abusent de toutes les libertés démocratiques pour mieux les abattre.

Nous disons que la démocratie se fonde sur l’acceptation de la conflictualité, dans le débat. Pas dans l’assassinat.

Nous rappelons que la laïcité est un des fondements de la république (article 1 de la constitution).

Elle offre le seul cadre dans lequel peuvent cohabiter sereinement des croyances et des philosophies différentes.

Nous réaffirmons l’égalité entre les hommes et les femmes, le droit d’apostasie, le droit de croire et de ne pas croire, le droit à la liberté des orientations sexuelles.
Nous nous opposons aux mariages forcés.

Nous approuvons la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux ostentatoires dans les collèges et lycées et la loi de 2010 interdisant le niqab, vêtement religieux islamiste dissimulant le visage dans l’espace public.

Nous sommes l’immense majorité des Français, de toutes origines, de toutes options spirituelles, croyants et incroyants, agnostiques ou athées, à refuser qu’une religion, quelle qu’elle soit, nous impose une façon de vivre et son projet politique.

Nous soutenons ceux qui résistent depuis si longtemps, sans être jamais entendus. À commencer par celles et ceux qui, depuis des années, sont laissés seuls, en première ligne, dans cette bataille. Celles et ceux, les plus menacés dans ce combat, à qui incombe la mission la plus noble qui soit, celle d’instruire nos enfants et d’en faire des femmes et des hommes libres et solidaires.

Nous soutenons ceux qui résistent dans les pays "dits" musulmans à l’extrême-droite islamiste et aux pouvoirs autoritaires.

Nous lutterons contre toutes les manipulations qui tendent à utiliser les événements dramatiques que nous vivons aujourd’hui pour attiser le racisme, déchirer notre société et inciter à plus encore de discriminations que celles dont notre pays a déjà trop à rougir.

Le gouvernement actuel de la France doit se montrer sans ambiguïté dans sa vigilance et sa fermeté vis-à-vis des ennemis de la démocratie et tout faire pour éviter de jeter la suspicion sur les "dits" musulmans vivant en France dans le respect de ses lois.

Mais il doit s’imposer un respect sans faille des lois que lui dicte la constitution démocratique de notre pays, la France, et dont il ne peut, sous aucun prétexte, s’exonérer. Pour ce faire, il se doit de rester sourd aux tartarinades va-t-en guerre, d’où qu’elles viennent.

Nous appelons toutes les organisations, associations, tous les syndicats, partis politiques, tous les médias, toutes les citoyennes, tous les citoyens, à dire non à l’islamisme et à défendre la laïcité. Il en va de nos libertés fondamentales, de notre possibilité de concorde civile dans le respect et l’émerveillement de nos différences et de nos similitudes.

La pétition peut être signée par le lien http://chng.it/Q5fwX4Tg

Parmi les premiers signataires de l’appel "Pourquoi dire non à l’islamisme" :

Roger Evano (auteur, militant associatif)

Marielle Billy (ancienne enseignante)

Daniel Alain (travailleur social)

Rozenn Thomas (institutrice militante éducation populaire)

Bernard Fanton (militant LDH, Agir en Pays d’Aix, Attac)

Jean Claude Pierre ( auteur, militant écologiste)

Françoise Leclanche

Chantal Evano (enseignante retraitée )

Danielle Fanton (infirmière, militante LDH, Agir en Pays d’Aix, Attac)

Dany Frenay (femmes solidaires)

Daniel Cueff (maire honoraire de Langouët )

René Louail (syndicaliste paysan)

Marc Pouvreau (administrateur Réseau Cohérence)

Joël Labbé (sénateur écologiste du Morbihan)

André Chervel (linguiste, historien)

Annick Karsenty (présidente de Femmes solidaires Marseille)

Francis Vanhee (CREAL 76)

Pascal Langlois (CREAL 76)

Djemila Benhabib (écrivaine, militante de la laïcité)

Marieme Hélie Lucas (sociologue)

Jean-Paul Scot (historien, militant de la laïcité)

Centre de Ressources sur la Non-Violence du Pays de Saint-Brieuc

Femmes solidaires Marseille

Didier Lemaire (professeur de philosophie à Trappes, membre fondateur du réseau VLC)

Soad Baba Aïssa ( présidente de l’association AMEL)

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