Les habits neufs de l'horreur présidentielle

Les habits neufs de l’horreur présidentielle

Dimanche 12 décembre 2021, par André Bellon

On croyait avoir vu le pire. On avait subi les analyses de journalistes à gages, les débats internes dans des partis qui ne représentent plus rien, les anciens Présidents déconsidérés qui nous expliquent la vie, les trahisons, les mensonges, une Union européenne qui se soucie de tout, sauf de ses habitants. Nous disions depuis longtemps que le présidentielle est devenu un jeu de c… Mais, à ce point, c’est quand même excessif.

Le spectacle serait rigolo s’il n’était pas si dramatique. A « gauche » domine une confusion spectaculaire qui réjouirait le père UBU. Anne Hidalgo demande une primaire qu’elle refusait le matin même avec d’autant plus de force qu’elle se sent dans un état quasi comateux. Les verts et les insoumis se disputent la queue du peloton électoral. Des groupes plus ou moins nébuleux essayent de faire émerger un candidat unique comme Christiane Taubira, plus indigéniste que socialiste, censée faire la synthèse (de quoi ?). Personne ne semble poser la question essentielle : c’est quoi la gauche ? Mais il est vrai que cette question troublerait la conquête du pouvoir.

A droite, Valérie Pécresse se réclame de Madame Thatcher, symbole qui n’a pas laissé un souvenir ému dans les couches populaires. Au RN, Marine Le Pen ne sait plus quoi penser de l’Union européenne tandis qu’Éric Zemmour surfe sur l’océan de la démagogie.

Et Emmanuel Macron dans tout ça ? Il veut, semble-t-il, rester Président de la République française sans d’ailleurs savoir très bien ce qu’est la République, sans se soucier du tout de ce qu’est la France. Ce qui l’intéresse ? C’est la « souveraineté européenne », concept fumeux qui semble surtout signifier que la souveraineté du peuple français est un obstacle.

L’ennui, c’est que, suivant un théorème bien connu, il y aura un élu. Par qui ? Pourquoi ? Certes, nombre de groupes ont tenté de faire des primaires, mais au nom de qui ? Y a-t-il encore un peuple français, corps politique titulaire de la souveraineté nationale ? Être ou ne pas être, telle est la question.

Combien de présidentielles, combien de présidents irresponsables, combien de déceptions, pour qu’on accepte enfin de dire que la présidentielle est le problème, pour qu’on se batte pour la reconstitution de peuple souverain ?

Et si on commençait maintenant ? Et si, dès demain, on collectait des cahiers d’exigences ? Si on se rassemblait dans des cercles locaux à partir des communes et des quartiers ? Chiche !